Pendant tout le 19è siècle, Cheman fut vendu ou transmis plusieurs fois à des propriétaires négociants, notaires, notables qui n'habitèrent jamais le château, loué ou tenu par un régisseur, jusqu'en 1890 où il fut acquis par la famille Lecomte-Lebreton.

Ceux-ci feront construire un chai dans les années 1900, dont on voit ici le chantier sur la droite de cette carte postale datée de 1907.

Cheman reste propriété de la famille Lecomte jusqu'à la 2ème Guerre Mondiale, puis le domaine est acheté par Monsieur et Madame Marcel Antoine. Madame, italienne d'origine née Alvina Pizzato, passionnée de vin, remettra le domaine viticole en activité pendant environ 50 ans, puis le passera en fermage à des vignerons locaux jusqu'à sa mort en 2006, à l'age de 99 ans.

Cheman est ensuite acquis en 2007 par un couple de hollandais passionnés qui rénovent le bati et les vignes et se lançent dans l'aventure en collaboration avec la cave coopérative, ils passeront ensuite les vignes en fermage en 2011 auprès de vignerons de Blaison. Ceux-ci restructurent les vignes et replantent 50 % des parcelles.

Enfin en 2016, le domaine est racheté par Didier et Marie Roux qui reprennent l'exploitation des vignes en 2021, et lancent la conversion en agriculture biologique.


HISTOIRE DE CHEMAN

Depuis au moins 1234...

Cheman, ou encore Chemens, Chement ou Chemant,

a une origine très ancienne.

Le dossier 9677 des Archives départementales relatif au Bois Brinçon, rapporte notamment ceci :

« Décembre 1234. Acquit par Guillaume, chantre de Saint

Jean Baptiste, du fils et héritier de Jean Piron de Blaison, d'un

demi arpent de vigne sis en territoire et seigneurie du Bois

Brinçon, joignant d'un côté la terre de la Seigneurie de Chemant.»


C'est le document le plus ancien connu à ce jour citant Cheman. Par ailleurs, les archives de la Baronnie de Blaison, rapportant les Aveux de la mouvance du fief de Cheman, volume I, page 38, nous apprennent ce qui suit :

« 27 Février 1387. Abandon consenti par Jeanne de Chemens en faveur de Jehan de Marettes, Seigneur de Chemens, fils de ladite Jehanne, de tout ce qu'elle pouvait prétendre en la succession de Marie de Beaupreau jadis femme de Messire Jehan de Laval, Chevalier.

Cet abandon comprend ce que lui appartient de la terre de Chemens.»

De même, dans un aveu du 25 Mars 1405, Cheman appartenait toujours à Jehan de Marettes, ainsi qu'en 1413 (aveu du 3 Janvier 1413).

Ensuite, les Archives nous indiquent les étapes suivantes :

"Jehan de Marettes transmet le fief de Cheman à son gendre Pierre Lebrun en 1434, qui le transmet à Jean de Vauferie, mari de Renée Lebrun en 1479.

Il devient ensuite la propriété des Seigneurs de Blaison et François de Goulaines le vendit en 1551 à Jamet Martin, de Saint Sulpice, dont les descendants (famille de Cheverue), gardèrent Cheman jusqu'à la Révolution."

A cette époque les descendant de la famille de Cheverue (famille Gohin de Montreuil) émigrèrent et leurs biens furent confisqués, puis vendus : le 2 Thermidor an IV, le Département vendit pour 98 451 livres la terre et le château de Cheman à Louis Favre et Petitpierre, négociants nantais.



Si l'on remonte le temps, Cheman a donc traversé plus de huit siècles d'histoire, et a été renové aux 14ème, 16ème, et 18ème siècle. Il est très probable que l'établissement du fief de Cheman en Seigneurie date de la même période historique que la première Baronnie de Blaison, dont le Chevalier de Cheman était vassal, sans doute peu après l'édification de l'Eglise de Blaison par Foulques Nerra (987-1040).

Quant à l'histoire plus ancienne, comment ne pas imaginer qu'un lieu aussi généreux, ou l'eau est abondante et coule en ruisseau, aux portes des rives de la Loire et de ses ressources, n'ait pas été habité dès le néolithique ?  Le domaine dispose d'ailleurs d'un dolmen intéressant dont on peut penser qu'il est antérieur à la mode du 19è siecle pour les mégalithes de décoration.


Sources : Le Sablier de Blaison, Celestin Port, Dictionnaire Historique, Archives départementales, Histoire de Blaison par L Poirier, 1925.